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Rouler sur du bambou, vous y avez déjà songé ?

Rouler sur un vélo en bambou et fibres de lin, cela ne vous viendrait pas à l’idée, et pourtant ! Le bambou présente de nombreux avantages, tant sur le plan écologique que sur le plan technique. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, de nombreuses petites sociétés françaises et d’ailleurs se lancent sur le créneau.

La fabrication de vélos en bambou ne date pas d’hier. Le premier brevet fut déposé en Angleterre en 1894. Mais le développement de matériaux tels que l’acier et l’aluminium a rapidement mis un terme à l’aventure. Néanmoins, depuis quelques années, le bambou revient à l’honneur dans la fabrication artisanale de vélos du fait de sa dimension écologique et de ses propriétés mécaniques intrinsèques. Sur ce plan, le bambou séduit par ses propriétés d’absorption mais aussi par sa résistance, sa rigidité et sa légèreté. « J’ai longtemps roulé sur un cadre en carbone, raconte Félix Herbert, fondateur de la marque de cycles en bambou Cyclik, et je souffrais d’importantes douleurs dorsales. J’ai alors cherché comment y remédier et je me suis intéressé au bambou. »

Il se lance alors dans la conception d’un vélo en bambou n’ayant pour seul bagage que son expérience dans le monde du cyclisme sur route. Après plusieurs mois de tâtonnements, il parvient à produire un vélo de route. Et là, c’est la révélation : « Alors que je finissais complètement cassé après une sortie de 100 bornes sur un vélo en carbone, sur le vélo en bambou, mes douleurs sont nettement moindres. Je retrouve le plaisir de rouler. »

Le bambou fixe 30% de co² en plus que les feuillus

Sur le plan écologique, le bambou là encore, présente de multiples atouts. Le premier d’entre eux, c’est la facilité de sa culture et sa capacité à pousser un peu partout dans le monde. Il a une vitesse de pousse très rapide, pouvant atteindre un mètre par jour. En outre, sa culture demande peu d’eau et nécessite peu voire pas d’engrais ni de produits phytosanitaires. En France, de nombreux agriculteurs se lancent dans la culture du bambou qui rapporterait, selon les première données, vingt fois plus qu’un hectare de céréales ! Par ailleurs, le bambou peut fixer 30% de plus de CO² que les arbres feuillus et jusqu’à 12 tonnes de CO²/ha/an. Il libère donc 30% d’oxygène de plus que les arbres. Il limite également l’érosion des sols.

Une équipe hollandaise a comparé, en 2006, l’empreinte écologique de l’acier, du béton, du bois local et exotique, et du bambou – importé du Costa Rica – pour des constructions aux Pays-Bas. C’est celle du bambou qui s’est révélée la moins importante. Tous ces atouts sont à mettre en parallèle avec la production de l’aluminium qui cause malheureusement d’importants dommages aux forêts tropicales par le déboisement d’immenses zones pour l’extraction de la bauxite. Sans parler du processus de transformation (extraction de l’alumine de la bauxite) très énergivore et qui entraîne la génération de nombreux résidus toxiques, dont les boues rouges qui polluent les rivières et les terres agricoles.

Le bambou combine souplesse, rigidité et durabilité

Si les créateurs de vélos en bambou entendent avant tout proposer des
vélos confortables et dynamiques, le côté écologique entre également
pour une part non négligeable dans leur volonté de produire autrement.
«Nous disposons en France de toute la matière nécessaire pour la fabrication des vélos en bambou » insiste Félix Herbert. Comme chez in Bô, la société vosgienne qui propose des vélos en bambou depuis 2013, la récolte des tiges de bambou s’effectue à Anduze dans le Gard alors que le séchage s’effectue en Haute-Loire. Les fibres de lin poussent en Normandie, la résine vient de Marseillan dans les Bouches-du-Rhône alors que les
quelques pièces métalliques qui entrent dans la fabrication viennent de la
vallée d’Arves en Savoie. «Cela nous permet de réduire de 90% le bilan
carbone de la fabrication d’un cadre»
précise le créateur de Cyclik. Cela
permet également de produire des vélos durables, le bambou n’étant pas
sujet à la rouille comme l’acier et ayant une durée de vie bien supérieure
à l’aluminium. De plus, en cas de petit choc, il est facile à réparer.

Une fabrication artisanale qui a un coût

Le travail du bambou pour la conception de cadre de vélo n’a rien d’industriel. La fabrication est artisanale et personnalisée à partir des cotes du client. C’est du sur mesure comme le laisse entendre le slogan de la
société nantaise Ernest Cycle, « le tailleur de cycle ». Ainsi, les délais de livraison sont en moyenne de quatre mois. Chez Cyclik, non seulement le
cadre est réalisé sur mesure, mais le client peut choisir ses composants. Aujourd’hui, le seul frein au développement du vélo, c’est le coût. Il faut compter environ 2000 € pour un cadre en bambou.

Si l’aventure vous tente, sachez qu’il existe de nombreuses personnes qui se sont lancées dans la création de leur vélo en bambou comme Hugo Lesauvage qui les fabrique au Havre, pour son plaisir, avant de les revendre à prix coûtant.