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Manivelle, l’artisanat pour retisser un lien entre le fabricant et le client

Manivelle, c’est l’aventure de deux jeunes ingénieurs passionnés de vélo et de beaux produits qui ont décidé de créer une entreprise de conception et de fabrication de cycles. En poursuivant un objectif : en finir avec la consommation instantanée et jetable !

Tout juste diplômés de l’institut national des sciences appliquées de Strasbourg – l’un en plasturgie, l’autre en mécanique –, Thomas Kieber et Silvin Kutsch décident d’unir leurs forces et de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en créant, en septembre 2017, Manivelle. Un atelier de conception et de fabrication qui axe son activité sur la mobilité urbaine et plus particulièrement le vélo. A 24 ans, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour s’engager dans une telle aventure !

Mais cette initiative répond à leur volonté de maîtriser le produit de A jusqu’à Z, de la création à la vente en passant par la fabrication et ce, en ayant la démarche la plus responsable possible. Cela voulait dire faire appel à des acteurs locaux et fabriquer, à petite échelle, des produits capables de durer. « Comme beaucoup de produits dans notre société, le vélo est devenu un consommable, expliquent-ils. Avec nos créations, nous entendons replacer le vélo dans la durée, en faire un objet que l’on se transmet de génération en génération. »

Naturellement, ils auraient pu mettre leur savoir-faire au service d’une autre cause que le deux-roues. Mais quand on est strasbourgeois, la petite reine occupe une place prépondérante dans la vie de tous les jours ! D’ailleurs, les deux garçons ne se déplacent qu’à vélo. Dans les premiers temps de leur activité, ils ont bénéficié du soutien de l’INSA de Strasbourg, qui les a guidés pour la réalisation des premiers prototypes. « L’école nous a permis de réaliser un premier prototype de cadre. Nous avons ensuite développé les outils nécessaires au lancement de notre activité (gabarit de cadre, notamment) et plusieurs pièces ont été fabriquées grâce à leur centre d’usinage numérique », raconte Silvin.

Leur premier vélo est le Fer de Lance et il s’en est déjà vendu une vingtaine d’exemplaires

Aujourd’hui, tous les cadres, en acier issu de l’aéronautique, sont soudés 
à la main dans leur atelier
, un espace de 60 m² aménagé sur le site d’une 
ancienne brasserie reconverti en parc d’activités. « Cette aide a été vraiment précieuse. Elle nous a permis de faire avancer le projet beaucoup plus rapidement ». Pour finaliser, par la suite, leur premier vélo, baptisé Fer de Lance, ils ont imaginé une opération de financement participatif
qui leur a permis de récolter 6 500 €. Les dernières modifications effectuées, ils ont entamé la commercialisation du Fer de Lance. C’était au cours de l’été 2018. « Le Fer de Lance #13 vient tout juste de sortir de l’atelier » annonce fièrement Silvin. Et « commercialisation » ne signifie pas « grande consommation ».

Ici, les vélos sont fabriqués à la main et à la demande. Partant d’une base standard, le client peut personnaliser son modèle et venir à la rencontre des deux jeunes entrepreneurs pour suivre l’évolution de sa fabrication et en comprendre tout le processus. « Nous tenons, par ce biais, à réimplanter l’artisanat au cœur de la ville. En accueillant les clients dans notre atelier, nous souhaitons aussi apprendre à les connaître, afin de les guider dans leurs choix au niveau des différentes options offertes. On veut leur proposer un vélo unique, loin des produits impersonnels qui envahissent nos villes. Par ailleurs, en découvrant les différents procédés qui donnent naissance à un vélo, le client développe un lien encore plus fort avec son modèle, qu’il aura à cœur de conserver le plus longtemps possible. »

Pour la réalisation des vélos, Silvin et Thomas ont donc recours à des acteurs 
locaux
. Les cadres sont fabriqués dans leur atelier où ils réalisent le brasage, cette soudure à l’argent synonyme de longévité. La découpe laser des pièces s’effectue quant à elle à Masevaux (Haut-Rhin), alors que la peinture est réalisée à Erstein (Bas-Rhin). «  S’appuyer sur l’économie locale est quelque chose de très important pour nous. Il s’agit de réduire notre empreinte écologique. C’est aussi un gage de qualité. » Et si vous pensez que le prix du vélo atteint des sommets, sous couvert de production artisanale hexagonale, sachez que ce n’est pas le cas. La proximité permet au contraire de réaliser de sérieuses économies, alors que l’artisanat garantit 
la qualité. 

Le Fer de Lance est ainsi vendu au prix de 2150 € et les deux jeunes ingénieurs s’engagent à vous le livrer un mois après sa commande. Forts de ce premier succès, Silvin et Thomas travaillent aujourd’hui sur un nouveau modèle, « prêt à sortir des sentiers », pour lequel ils pousseront encore plus le « sur-mesure ».

Le Fer de Lance

Le Fer de Lance est un vélo optimisé pour un usage quotidien, qui ne demande que peu d’entretien. Son cadre est en acier. Il reçoit, de base, un moyeu avec trois vitesses intégrées, des garde-boues en inox, des freins à tambour, une selle et de la guidoline en cuir Berthoud (fabrication en France). Le guidon est en acier hautement élastique et permet une absorption supplémentaire des aspérités de la route. Le Fer de Lance peut recevoir en option des porte-bagages en inox, avant et arrière. Il est disponible en versions homme et femme, en trois tailles, avec de très nombreuses déclinaisons de couleur. Son poids : environ 12 kg. Prix : 2150 €.